En savoir plus sur les CET

Les principes des TST

Les ouvrages électriques sont conçus pour transporter et distribuer l’énergie électrique sur tout le territoire. Leur dimensionnement est soumis à des impératifs propres aux phénomènes électriques — par exemple la nécessaire séparation des conducteurs de différentes phases. L’isolation électrique des éléments conducteurs, en particulier, est garantie par des distances d’air et des matériels en matériau isolant : verre, porcelaine, etc. Le même principe s’applique dans le cas des travaux sous tension, avec la contrainte supplémentaire d’un opérateur et des outils qui évoluent dans l’intervalle d’air. Des règles complémentaires sont donc nécessaires pour prendre en compte ces contraintes et garantir ainsi la sécurité des opérateurs.

L’ÉCOLE FRANÇAISE DES TST

Contrairement à l’approche la plus répandue, fondée sur un corpus de modes opératoires détaillés et préétablis pour chaque type d’opération, l’école française des TST laisse plus d’initiative aux intervenants. Pour cela, elle s’appuie sur quatre piliers :

  • des règles regroupées dans les Condition d’Exécution du Travail (CET),

  • des outils agréés et contrôlés périodiquement,

  • des formations spécifiques aux TST dispensées par des centres de formation agréés,

  • une implication et une surveillance par le management.

Les CET rassemblent les règles que les opérateurs doivent respecter pour effectuer un chantier sous tension. Elles permettent de maîtriser les risques de court-circuit et d’électrisation. Il existe un corpus de CET par niveau de tension. Tous les fascicules de CET sont organisés de la même manière, et suivent le déroulement d’une opération de sa faisabilité à sa réalisation.

Tout comme les CET, les FT sont rassemblées par niveau de tension. Chaque fiche technique précise la fonction de l’outil, ses caractéristiques électriques et/ou mécaniques ainsi que ses conditions d’utilisation, de stockage, d’entretien et de contrôle.

Dans la pratique, en amont de chaque chantier et quel que soit le niveau de tension, l’opération à réaliser fait l’objet d’une préparation minutieuse. Le préparateur va analyser les risques, choisir la ou les méthodes de travail à mettre en oeuvre, identifier les outils à utiliser et écrire le processus opératoire. Au démarrage du chantier, le chargé de travaux présente ce processus à l’ensemble des opérateurs afin que chacun connaisse son rôle.

Le chargé de travaux est ensuite le garant du suivi du processus opératoire et de l’enchaînement des phases de travail. Cette approche permet à la fois la gestion des risques en amont, traités dans les référentiels (CET et FT), et une gestion in situ lors de la préparation de chaque chantier.

NI COURT-CIRCUIT, NI ÉLECTRISATION

Les Conditions d’Exécution du Travail (CET) définissent les règles générales à respecter lors d’un travail sous tension. Elles proviennent d’un ensemble d’études, de calculs physiques et d’expérimentations ainsi que d’une analyse de risque s’appuyant sur deux fondements : la maîtrise de l’isolation, la maîtrise de l’énergie et la maîtrise de l’organisation ainsi que la prévention des défaillances.

Il convient tout d’abord de s’assurer à chaque instant, et pour chaque niveau de tension, du maintien de l’isolation des opérateurs ou des pièces conductrices évoluant dans la zone de travail. En cas de rupture de l’isolation entre deux points à potentiels différents (phase/terre ou entre phases), un court-circuit s’établit. Si un opérateur s’insère dans ce circuit, c’est l’électrisation. La maîtrise de l’isolation implique de définir les distances minimales à respecter entre l’opérateur et les éléments conducteurs et d’étudier la conductivité des outils. Par ailleurs, la définition de ces distances nécessite de limiter les niveaux de surtensions : surtensions de manoeuvre — par la mise en place d’un Régime Spécial d’Exploitation (RSE) — et surtensions dues à la foudre — par l’interdiction de travailler en cas d’orage.

Outre l’isolation, il convient de maîtriser les différentes énergies présentes sur le réseau lors d’un chantier TST, afin de protéger l’opérateur des effets d’une électrisation comme de ceux d’un arc électrique accidentel environnant. Pour cela, on doit prendre en compte trois formes d’énergie. D’une part, évidemment, l’énergie active due au courant transitant dans l’ouvrage. D’autre part l’énergie réactive, due au phénomène d’induction, en cas d’intervention sur une installation sous tension à vide ou à potentiel flottant. Enfin l’énergie de court-circuit, en cas de défaut d’isolation.

En plus de la définition de ces règles techniques, une formalisation de l’organisation du travail est mise en place pour assurer la sécurité des opérateurs contre les risques électriques.

 

GARDER SES DISTANCES…

Comment éviter les ruptures d’isolation ? Tout d’abord, exactement comme lors du dimensionnement des ouvrages, en exploitant les propriétés remarquables de l’air qui nous entoure. Partout disponible, gratuit, doté d’une tenue diélectrique élevée, capable de se régénérer seul en cas d’ionisation, l’air constitue en effet l’isolant de référence. Le principe de base pour protéger l’opérateur est donc de maintenir en permanence une distance d’air suffisante entre lui et les objets (conducteurs, appareils, structures) de potentiels différents du sien. Cette distance de sécurité, appelée « distance de travail », résulte de la somme d’une distance d’isolation nécessaire (t), appelée distance de tension, et d’une distance ergonomique (g) prenant en compte les mouvements involontaires de l’opérateur. Il suffit d’imaginer une guêpe venant rôder autour du monteur pour comprendre l’intérêt de cette précaution supplémentaire…, soit distance de travail = t + g.

Il a fallu de nombreuses années d’études et de recherches pour établir la référence internationale (norme NF EN 61472) servant de base au calcul de la distance de tension. Elle prend en compte la tension nominale de l’ouvrage concerné, les niveaux de surtension à front lent susceptibles d’apparaître sur le réseau, ainsi que des facteurs comme l’altitude, la forme et les dimensions des objets conducteurs insérés dans l’intervalle…

En BT, la distance de tension étant négligeable (de l’ordre du millimètre), la distance de travail se résume à la distance ergonomique, soit 30 cm.

En HTA, une distance de travail est spécifiée pour chaque intervalle (phase/terre et phase/phase). Afin de faciliter son calcul et permettre de combiner des outils, SERECT a mis au point le concept des « éléments de protection » (EP) ; un EP équivaut à 10 centimètres d’air. Par exemple, pour un intervalle phase/terre sur un réseau de tension 20 kV, il faut respecter une distance de travail de 0,60 m soit 6 EP. L’intérêt de cette nouvelle unité réside dans la possibilité d’additionner des distances d’air, des longueurs de tube isolant, des épaisseurs de nappes, de protecteurs ou de gants isolants. Les fiches techniques des outils précisent le nombre d’EP attribués à chaque outil isolant.

Enfin, en HTB, bien que les lois de la physique restent les mêmes, les phénomènes sont accentués. Le concept des EP ne peut plus être mis en oeuvre. Les distances de travail définies sont donc des distances d’air qui tiennent compte de différents niveaux de surtension, du volume des pièces conductrices manipulées dans les intervalles et de la méthode de travail mise en oeuvre..

À CHAQUE RISQUE SA PROTECTION

Les CET définissent différents EPI à porter. Ceux-ci doivent remplir trois missions :

  • protéger l’opérateur d’une électrisation pour les domaines BT et HTA,

  • prémunir l’opérateur des effets d’un éventuel arc électrique de puissance, pour tous les niveaux de tension,

  • prémunir l’opérateur des effets du champ électrique intense en HTB.

En BT et HTA, la protection contre l’électrisation est assurée notamment par les gants isolants lors d’un travail au contact.

En HTA, la protection contre les risques de tension de pas est assurée par les chaussures ou bottes spéciales.

Un arc électrique de puissance produit un rayonnement thermique et lumineux, une onde acoustique et, le cas échéant, une projection de particules. Pour se protéger de ces effets, l’opérateur porte un écran facial (contre le rayonnement thermique et la projection de particule), des lunettes (contre le rayonnement lumineux) et une protection auditive (en HTB uniquement contre l’onde acoustique).

La protection de l’opérateur contre le champ électrique, important en HTB, est assurée par un vêtement conducteur agissant comme une cage de Faraday lors d’un travail au potentiel. Ainsi est né le fameux habit jaune — les premières générations furent blanches puis bleu-gris — en tissu composite, comprenant une fibre polymère ininflammable et isolante thermiquement et une fibre métallique conductrice.

La « cage » se devant d’être fermée, l’habit comprend également des chausses, des gants et une cagoule à visière (celle-ci détourne les lignes de champ du visage forcément découvert).

LES TROIS MÉTHODES D’INTERVENTION

Il existe trois méthodes pour intervenir sous tension : le travail à distance, le travail au potentiel et le travail au contact. La différence réside dans le positionnement de l’opérateur par rapport au potentiel sur lequel il souhaite intervenir.

Travail à distance

Dans la méthode de travail à distance, la première développée, l’opérateur reste au potentiel de la terre. Pour ne pas entrer en contact avec les pièces nues sous tension, il travaille à l’aide d’outils isolants fixés à l’extrémité de perches ou de cordes isolantes. Mise en oeuvre sur l’ensemble des domaines de tension, cette méthode demande un faible investissement mais est ergonomiquement limitée, notamment lorsque les distances à respecter deviennent importantes. En HTA, on peut utiliser un élévateur à bras métallique. En HTB, on travaille généralement depuis le pylône pour les travaux en ligne et depuis le sol pour les travaux en poste.

 

 

 

 

Travail au potentiel

Dans la méthode de travail au potentiel, l’opérateur, isolé de la terre, est amené au potentiel de l’élément sur lequel il travaille. Il se trouve donc dans la situation de l’oiseau posé sur une ligne électrique. À tout instant, il doit rester au minimum à la distance de travail de tous les éléments de son environnement qui sont à un potentiel différent de celui sur lequel il intervient. Cela vaut pour lui-même comme pour les outils ou pièces conducteurs qu’il manipule. Mise en oeuvre pour les domaines de tension HTA et HTB, cette méthode est très confortable grâce à une excellente ergonomie. Le travail se fait à partir d’un support isolant l’opérateur du potentiel de la terre. En HTA, on peut utiliser un élévateur à bras isolant. En HTB, on a recours à la PEMP TST Postes et à la TIP (Tour Isolante de Positionnement) pour les travaux dans les postes, et à l’échelle à palan, à la poutre ou au siège TST pour les travaux sur les lignes.

 

Travail au contact

Dans la méthode de travail au contact, l’opérateur, lui-même protégé en fonction du niveau de tension des pièces sur lesquelles il intervient, pénètre dans la zone située entre les pièces nues sous tension et la distance de sécurité. Mise en oeuvre en BT et HTA, cette méthode ne peut pas s’utiliser en HTB du fait des distances importantes à respecter. En HTA, l’opérateur utilise des gants longs isolants et il travaille à partir d’un élévateur à bras isolant. Plus ergonomique que le travail à distance, le travail au contact permet en outre, en HTA, d’évoluer plus facilement à proximité des supports (poteaux).